Modul'home, centre Pompidou

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Modul'home, centre Pompidou

2008

Modul'Home est un atelier éphémère de design prospectif imaginé par matali crasset sur l'invitation de Corinne Rozenthal-Roskam pour le Centre Pompidou à Paris.

Cet atelier éphémère invite les enfants à imaginer leur futur au quotidien en créant des objets et des « scenarii de vie ». Des planches à découper leur permettent de réaliser une modulothèque et de travailler formes et matières à partir de verbes d’action tels que « voyager », « dormir », « nettoyer »… Une fois l’objet achevé, l’enfant lui accroche une étiquette portant son nom et sa fonction : « cocon de lecture », « doudou autonettoyant », « lit à dormir debout » – tout l’inventaire de ce que pourrait contenir… une maison en 2050 !

“Un designer, qu’est-ce que c’est ?
Chaque jour nous traversons de nombreux espaces, nous utilisons de nombreux objets, de nombreuses machines, nous circulons avec de nombreux véhicules, nous ouvrons de nombreux emballages, nous regardons de nombreuses publicités... Notre environnement quotidien est composé d’objets sophistiqués et d’autres plus simples, mais tous ont en commun d’avoir été imaginés, dessinés et réalisés par des personnes différentes. À l’origine de ces projets, il y a souvent des designers.”
Corinne Rozenthal-Roskam

Modul'home a été présenté depuis dans plusieurs autres institutions, au CCA à Montréal, Museo de la Ciudad à Mexico, Museo Papalote à Cuernavaca (Mexique), à Istanbul Modern

Modul'home,  c'est aussi un livre des éditions du centre Pompidou pour vivre chez soi cette expérience, un livre-atelier à explorer, seul, en famille ou avec des amis. Avec les planches à découper contenues dans le livre, des ciseaux et du ruban adhésif on entre dans le processus d’imagination du designer et on se l’approprie.

En quoi le fait d’être pédagogue fait partie intégrante de votre profession de designer industriel ?
Si j’essaie de définir mon travail, c’est de prendre la main et de vivre avec son temps. Cela peut revêtir des aspects bien différents. Il peut s’agir de petits projets, de gros projets… Ils peuvent être mis en œuvre au niveau individuel, au niveau d’une entreprise… C’est ce qui me passionne. J’ai l’impression que la façon dont on pense est un peu en décalage par rapport à notre structure, à la façon dont on vit. J’essaie donc de rattraper ce retard et de proposer des choses qui ne font pas partie des codes existants. Il ne s’agit pas d’essayer de tout changer, je ne suis pas sur cette idée de créer un monde clefs en main, mais plutôt par petites doses homéopathiques. Lorsqu’on est designer, soit on fait le choix de réveiller les gens, soit on fait le choix de les brosser dans le sens du poil. Moi j’ai fait le choix de réveiller les gens en proposant des structures qui sont actives.

Qu’avez-vous gardé de vos jeux d’enfants dans votre travail actuel ?
Je me suis souvent aperçue qu’il y a une réminiscence de mes jeux d’enfants dans mes projets. J’ai en effet passé mon enfance à faire des constructions avec des balles de paille. C’est le même système d’empilement que l’on retrouve dans Modul'home, mes poufs ou dans le permis de construire, dans les briques qu’on empile. Quand j’étais enfant, ce système nous permettait de réaliser des cabanes, des tunnels. Je ne me suis aperçue de cela qu’après une dizaine d’années. J’ai réalisé tard que mon environnement, la campagne, était un jeu à ciel ouvert, que mon espace d’apprentissage où j’étais confrontée aux animaux, à la nature, était pour moi un terrain de jeu. Je pouvais utiliser tous ces éléments pour inventer des histoires, pour façonner le monde à mon image.

En quoi votre travail est-il proche de l’univers des enfants ?
On m’a souvent dit que mon travail était ludique, alors que j’avais l’impression de mettre beaucoup de moi. J’ai été, au départ, déçue d’entendre que mon travail était essentiellement ludique. J’en ai donc discuté avec Emmanuelle Lallement qui est ethnologue. Elle m’a expliqué que « ludique » veut dire : expérimenter le monde autour de soi. Alors je me suis réconciliée avec le terme ludique. Mon travail n’est pas que ludique, mais j’ai accepté qu’il le soit en partie. Si je retire l’aspect ludique de mon travail, je perds mon ancrage. Je perds la raison pour laquelle je peux apporter quelque chose aux êtres qui m’entourent, au monde qui m’entoure.

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Crédits

  • matali crasset productions