The gourd's family, Zimbabwe

  • objets
  • transmettre

The gourd's family, Zimbabwe

2014

“Christine Eyene m’a invitée à l’automne 2013 à travailler avec une communauté de femmes vanneuses à Bulawayo au Zimbabwe, dans le cadre de Bulawayo Home Industrie qui développe et perpétue le savoir-faire de la vannerie.

J’avais eu une expérience similaire en Hongrie en 2009 avec une communauté rom du village de Szendrőlád sous l’impulsion de l’artiste syrienne Roza El Hassan, qui avait initié un workshop en invitant d’autres artistes.

Intervenir dans des contextes qui ont une grande résonance sociale demande une double vigilance et nous oblige encore plus à réfléchir sur la légitimité de notre intervention et du projet créé ensemble.

Je me suis rendue à Bulawayo au printemps 2014. J’ai travaillé pendant une semaine avec 17 femmes organisées en cinq groupes autour d’une femme, maître en vannerie. Ce fut une riche expérience humaine partagée.

J’ai souhaité orienter le workshop autour de l’évolution d’une forme iconique développée par cette communauté il y a trois ans pour la première exposition de Basket case I : la gourd.

J’aime cet objet, car il est irrégulier, on sent donc qu’il y a une personne qui a donné de son temps et son interprétation, c’est donc presque une pièce unique à chaque fois.

Cette communauté a acquis le savoir-faire d’élargir et de réduire la forme à souhait. Il me restait à leur indiquer de réduire sa taille, d’en faire plusieurs pour commencer à les combiner ensemble et ainsi accentuer le côté organique. 

Les femmes ne comprenaient pas trop, au départ, où je voulais en venir, jusqu’à ce que la première grappe soit réalisée et là, j’ai compris dans leurs yeux qu’elles aimaient le résultat.

Le but du workshop était de leur donner quelques clefs de fabrication pour aboutir à un résultat sensible, tel que ne jamais accrocher, coudre les pièces ensemble mais les incorporer, les tresser ensemble dans le même corps. Ou encore de trouver à chaque fois un sens pour l’usage de la forme. Ainsi, cette forme peut devenir la terminaison d’une anse pour un sac ou un pied pour surélever un plateau.

La semaine a été très fructueuse en expérimentations et a permis de faire émerger un langage, une grammaire, à partir de cette même forme.

Certaines pièces sont d’inspiration plus libre, certaines sont fonctionnelles, mais elles forment une famille que l’on peut étendre presque à l’infini : The gourd’s family.

Une famille qui renforce l’identité de la production de la communauté, qui la prolonge et l’actualise. Qui prolonge le savoir-faire en créant des pièces peu à peu plus complexes dans la façon de tresser les différents volumes ensemble.

Le projet à permis également d’amalgamer des gourds de différentes femmes, qu'elles soient maîtres ou non, en quelque sorte de faire des objets ensemble, alors que ce n’était pas le cas avant.

La prochaine étape serait de voir cette famille se continuer grâce à des propositions des femmes, ce serait le but recherché.”

matali crasset 

La collection The gourd’s family a été réalisée par les femmes de Bulawayo Home Industries dans le cadre du workshop Basket Case du programme social Eunic financé par le Comité européen, dont c’est la deuxième édition.

Bulawayo Home Industries est une structure sociale financée par la ville de Bulawayo, dont l’objectif est d’accompagner des femmes en difficulté en leur redonnant un travail par l’apprentissage d’un métier artisanal. 

Partager

Crédits

  • Eric Gauss, Dog on the run
  • matali crasset