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Exposition Fleuves, cneai, Chatou
Le 2 mai 1989, le peuple hongrois démantèle les barbelés qui séparent la Hongrie de l’Autriche tandis que la police laisse faire et ne réagit pas. Dans les miradors, les militaires n’ont pas tiré. --- Le 10 septembre 1989, le gouvernement hongrois prend la décision d’ouvrir librement ses frontières avec l’Autriche. --- Le mur de Berlin tombe deux mois plus tard. --- En 2008, la Hongrie, la Tchéquie et la Slovaquie rejoignent l'espace Schengen. ---- En 2013, le TGV reliera Paris à Bratislava en 4h50.
En 1992, Nadine Gandy part de Paris en voiture et va ouvrir le premier espace privé dédié à l’art contemporain international à Prague. Le public tchèque n’a jamais vu les travaux des artistes occidentaux depuis l'occupation communiste. Elle invite Lawrence Wiener, Joseph Grigely, Jochen Gerz, Wim Delvoye, matali crasset, Daniel Buren, Annelies Strba, Nan Goldin ou encore Douglas Gordon et bien d'autres qui vont jouer le jeu dans une région où le marché n’existe pas. Les premières expositions d’art contemporain créent des files d’attente. Petit à petit des artistes tchèques (Vaclav Stratil, Jiri David), hongrois, slovaques, serbes, bosniaques, roumains, côtoient les personnalités françaises, allemandes, espagnoles, américaines, suisses parmi les artistes que représente la Gandy Gallery. Les projets créent une collection de multiples et de publications qui reflète – de facto – l’idée d’insertion et de migration culturelle. En 2005, Nadine Gandy déplace son espace à Bratislava, face au Danube, au cœur de la grande Europe, elle se rapproche ainsi des Balkans et va à la rencontre de nouveaux artistes.
À l’occasion des 20 ans de la chute du mur de Berlin, le Cneai présente Exposition Fleuves, un dialogue entre deux collections de multiples et de publications d’artistes croisant les territoires d’Europe centrale et occidentale. La collection de la Gandy Gallery et le fonds Fmra du Cneai prennent leur source dans des années décisives pour l’art contemporain. La collection du Cneai débute dans les années 1960, lorsque publier soi-même et éditer en nombre illimité signifiait s'émanciper du diktat des institutions et s'affranchir du réseau marchand, lorsque la pratique éditoriale était un moyen de passer les frontières fermées de l’Europe et de l’Amérique. Le développement de la collection Gandy dans les années 1990 est synonyme d’un nouvel élan sur la scène artistique de l’Europe centrale et occidentale.
Les deux collections sont composées de multiples, livres d’artistes, livrets, posters, revues, vidéos, flyers, cartes postales, DVD, pages Web…
Ces formes, au croisement de l'action, de l'information et de la représentation, décloisonnent le territoire culturel lui-même et se font le creuset des recherches en art plastique, musique, graphisme, design, danse, littérature… Ces œuvres médias suggèrent ainsi que le temps est venu de ne plus penser l’art en termes de marginalité, isolée et isolante. Les pratiques éditoriales ont en outre ceci de particulièrement stimulant : en tant que projet ouvert à l'intervention, la reproduction et la propagation, elles révèlent le partage de l’autorité entre les différents acteurs du processus artistique et expriment une mutualisation possible du droit d'auteur et du droit de lecture.
matali crasset, artiste très largement représentée dans la collection Gandy et designer française toujours en recherche de nouveaux territoires à explorer (scénographie, graphisme, architecture, mobilier, ou encore artisanat, commerce équitable, industrie textile…) participe naturellement au scénario de ce projet et crée la scénographie de l’exposition.
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Crédits
- Charlotte Hardy, courtesy cneai
- matali crasset productions