Palm Lab, Nefta

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Palm Lab, Nefta

2012

Palm Lab, un projet intégré dans une démarche de tourisme responsable.

À partir du Palm Lab, un atelier-laboratoire initié par l’équipe de l’éco-lodge Dar Hi à Nefta en Tunisie, matali crasset propose une douzaine d’objets diffusés en exclusivité par Made in Design. 

Palm Lab est un atelier laboratoire de réflexion/création dédié à la corbeille de Nefta, près de Tozeur en Tunisie. Il a été pensé par matali crasset, Patrick Elouarghi et Philippe Chapelet dès la création de leur eco-lodge Dar Hi, situé au cœur de Nefta et de sa palmeraie ancestrale. L’écologie et le développement durable sont au cœur des principes fondateurs de la Dar Hi. Et c’est en collaboration avec les habitants de Nefta qu’il a été conçu autour de la culture et l’exploitation du palmier. Parce que ce matériau naturel est central dans l’économie et l’écologie de Nefta. 

La palmeraie, véritable joyau local, est un milieu fragile qui a besoin d’être préservé et réhabilité. Le but de Palm Lab est de questionner les potentialités créatives, productives et écologiques de la palmeraie et du palmier. Il propose donc un programme au sein de Dar Hi qui fédère des acteurs-experts autour de workshops et de recherches à long terme sur l’avenir de ce milieu. 

Dar Hi, base d’action et d’expérimentation du Palm Lab

Le Palm Lab fait partie intégrante de la philosophie du Dar Hi. L’équipe s’engage dans cette démarche de préservation et de développement de l’oasis. La maison a été conçue comme un lieu pilote d'application – une grande partie de l'aménagement intérieur est en palmier – et d'expérimentation au quotidien – les menus, les soins du corps au hammam et dans les chambres sont pensés dans une démarche de développement des produits locaux. 

Dar Hi dédie aussi un espace spécifique à Palm Lab pour mener des recherches qui disposeront ainsi d’un soutien conceptuel et logistique. Il ne s’agit donc pas d’une simple démarche de patrimonialisation, mais bien d’un processus de création et de développement.

Contexte et savoir-faire local

L’intention du Palm Lab est d’impulser une nouvelle énergie dans la préservation de l’oasis et de l’artisanat de la ville de Nefta. Cet objectif était présent dès les premières pierres posées pour la construction de la Dar Hi en 2008.

Les cinq années déjà passées sur place, dont deux ans de construction de la Dar Hi, ont permis de s’imprégner de la culture locale et ont révélé un peu plus chaque jour la spécificité de ce lieu tout en mettant en évidence les difficultés à donner une nouvelle dynamique à la corbeille. L’enjeu d’un tel milieu est de retrouver ses équilibres (les trois niveaux de culture, un acheminement de l’eau dans les moindres recoins, la consolidation des abords...) et d’offrir des opportunités d’emploi et de développement de la vie locale, pour les hommes et les femmes.

Comment initier de nouvelles logiques de réflexion et d’action pour fédérer différents types d’acteurs afin de mieux protéger le lieu, redonner l’envie et le sens de l’implication pour chacun, et faire naître un embryon d’économie dans ce contexte ?

L’immersion dans la vie locale et la compréhension fine du travail des artisans locaux et de la création manuelle, notamment féminine, dans la vie domestique ont permis de définir la particularité de la culture matérielle. Il n’est pas question ici de dextérité ni de sophistication, encore moins de préciosité, mais plutôt d’une mise en avant de matériaux bruts, de la simplicité des objets et des finitions, et de fonctions basiques revendiquées. Un travail qui va à l’essentiel ! Cette singularité locale fait sens dans le contexte de Nefta qui se donne à voir comme une belle endormie. 

Sur cette idée fondatrice, l’édition d’une première collection prend forme. Et c’est la venue en Tunisie de Catherine Colin et Guillaume Petit de Made in Design qui en sera l’élément déclencheur. Ensemble, avec matali crasset et Patrick Elouarghi, ils imaginent le moyen de valoriser le travail des femmes et des artisans, de générer des revenus qui seront reversés pour l’entretien et la préservation de la palmeraie. La collection Palm Lab est ainsi une première étape dans la revitalisation de la corbeille de Nefta.

Les « femmes artisans » et certains artisans locaux sont recrutés pour produire selon leurs gestes traditionnels les dessins imaginés par matali crasset. La designer souligne les savoir-faire maîtrisés, qui là-bas ne sont pas considérés comme des talents.

Les objectifs visés par cette équipe constituée sont simples : créer une ligne qui montre que le design contemporain sublime les traditions et les savoir-faire de Nefta ; créer un atelier qui permette de former d’autres artisans et ainsi mettre en place une chaîne éthique qui repositionne Nefta comme un village dynamique.

Pour Catherine Colin et Guillaume Petit, le vecteur Internet s’est imposé d’emblée : assurer une diffusion contemporaine et directe est le meilleur moyen de mettre en lumière auprès du plus grand nombre l’aventure Palm Lab et la générosité de chacun de ses acteurs. C’est aussi l’occasion de distribuer ces produits dont les quantités et les livraisons suivront le rythme de la main de l’homme. Cette diffusion permet un travail à petite échelle qui, sans modifier les équilibres du milieu naturel et social, fédère les acteurs locaux autour d’un projet concret. Grâce à cette distribution, c’est une véritable opportunité de développement qui se fait jour. Car avec la collection « Made in design », c’est une production réelle qui s’engage, sans logique préalable de prototypes, peu adaptée aux réalités locales et impossible dans un contexte de production émergent. 

Palm Lab sera donc une collection exemplaire, une chaîne équitable et un laboratoire d’idées.... Aujourd’hui, c’est une ligne d’une douzaine de produits.

Les objets de la collection prennent leur source dans le dessin des objets de la Dar Hi qui sont tous originaux. Ils ont été ensuite sélectionnés et redessinés de façon à donner une cohérence nouvelle à l’ensemble dans l’esprit d’une collection.
Les objets ont ainsi été repensés pour faire sens dans le cadre d’un usage en Europe, et c’est pourquoi leurs principes s’organisent autour trois principaux axes de réflexion :

- la mobilité : certains habitants de Nefta étaient nomades, ils ont développé une culture de mobilité, ils ont leur propre façon d’occuper le sol, d’habiter et de vivre à l’extérieur, de passer de l’intérieur à l’extérieur en s’encombrant de peu… Cette caractéristique de mobilité est intéressante à réexploiter dans un contexte de modernité urbaine ;

- la simplicité : il n’est pas question ici d’être dans la décoration ni dans le raffinement, mais plutôt dans les fondamentaux de l’usage. Dans une région difficilement accessible et au milieu du désert, on apprend forcément à faire avec ce que l’on trouve sur place et à adopter des techniques de construction simple et efficace. Cette simplicité donne un sens aux objets ;

- le brut : les anciens avaient développé tout un savoir-faire dans l’utilisation de toutes les parties du palmier : le tronc en premier lieu, mais aussi les feuilles pour faire de la vannerie, la fibre de l’écorce pour faire de la corde, les branches pour des accessoires et même les racines… On est ici dans une optimisation des ressources. La matière est première et brute. Cette démarche d’usage présente une grande pertinence dans le contexte contemporain. 

Les objets en question

Le savoir-faire des lissières de Nefta est réinvesti dans une collection de kilims, couvertures en laine de mouton, et tapis de pique-nique. Le choix des motifs, des couleurs et des formes a fait l’objet d’échanges et d’aller-retour entre matali et les femmes du village pour mettre au point des créations qui matérialisent les valeurs d’hospitalité et de partage qui les animent.
Les menuisiers qui travaillent le bois d’abricotier et la palme sont mobilisés pour une série de tabourets. Les menuisiers ont déjà collaboré au mobilier de la Dar Hi et prolongent donc ici leur souhait de valoriser et réinterroger leur savoir-faire.
L’artisanat local dans un périmètre plus large que celui de Nefta offre des techniques spécifiques, notamment sur le métal, qui permettent de produire une série de luminaires (appliques et lampes), ce qui représente une expérimentation nouvelle et un beau défi. 

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Crédits

  • Wassim Ghozlani