Le voyage en uchronie, galerie Thaddaeus Ropac

  • espace

Le voyage en uchronie, galerie Thaddaeus Ropac

2013

Voyage en uchronie, présenté à la galerie Thaddaeus Ropac, réunit un ensemble de mobilier, les Permanents (qui évoquent un groupe d’humains et leurs rites) et un film Voyage en uchronie, salvatico è colui che si salva, réalisé par matali crasset et Juli Susin. Les Permanents sont réalisés à partir d’une forme unique qui vient entourer le corps et l’accompagner dans ses différentes activités. Pliée en deux, cette forme se structure autour de la colonne vertébrale. Le module enveloppe partiellement le corps en action debout, assis ou allongé. La forme pliée génère une protection de la tête. La couleur grise à l’extérieur accentue le côté protecteur ; l’intérieur est au contraire coloré en orange, comme au contact de la chaleur humaine.

Ce sont des structures dans leur plus simple expression, au plus proche de l’humain.

On reconnaît dans ce dispositif qui évoque une vie primitive : une chaise, une lampe, un diffuseur de son, un support pour s’allonger, un support pour penser, se concentrer et un support pour se rencontrer, composé de plusieurs Permanents.

Au milieu de l'espace, un monticule, une montagne magique, lieu d’introspection, nous propose de mettre en perspective nos projets de vie.  

Le film Voyage en uchronie, salvatico è colui che si salva, édité par Royal Book Lodge, emprunte son sous-titre à Léonard de Vinci : c’est un film de genre qui rend compte de cette épopée en uchronie ou de ce songe. 

La question de l’utopie est récurrente dans le travail de matali crasset : elle renvoie à son attachement pour les pensées sociales (influencées par Claude Nicolas Ledoux, Charles Fourrier, Jane Addams...). Son inscription sociale tant intime – vivre à Belleville – que professionnelle participe de son intérêt à répondre à des commandes publiques pour réinterroger l’espace public – de la commande de la maison des Petits pour le CENTQUATRE à celles des maisons sylvestres pour Le Vent des Forêts, posant le design comme un espace du vivre ensemble. Il s’agit dès lors d’envisager le design comme l’espace de la reconquête d’une pensée sociale, où l’expérience est au cœur de la vie même. 

En 1936, Régis Messac, dans sa revue Les Primaires, donne de l’uchronie cette définition : "Terre inconnue, située à côté ou en dehors du temps, découverte par le philosophe Renouvier, et où sont relégués, comme les vieilles lunes, les événements qui auraient pu arriver, mais ne sont pas arrivés".

Le mot est inventé par Charles Renouvier qui s’en sert pour intituler son livre Uchronie, l’utopie dans l’histoire, publié pour la première fois en 1876.
L’uchronie est donc un néologisme du XIXe siècle fondé sur le modèle d’utopie, créé en 1516 par Thomas More pour servir de titre à son célèbre livre, Utopia, avec un "u" privatif, accompagné de Chronos (le Temps) à la place de Topos (le Lieu). Étymologiquement, le mot désigne donc un non-temps, un temps qui n’existe pas. 

Partager

Crédits

  • Philippe Servent, courtesy galerie Thaddaeus Ropac